La chronique d’Éveline Mathelet
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Accueillir le virus… de la peur 

En ce moment, les médias ne parlent que de ce coronavirus venu de Chine et qui porte désormais un autre nom que j’ai déjà oublié. Personnellement je ne peux pas m’empêcher de penser à la bière, d’autant que j’ai passé le week end avec des amis américains qui boivent beaucoup de… Corona. 
Et j’ai vu que "à l’insu de mon plein gré", petit à petit, des bouts de peur commençaient néanmoins à s’immiscer en moi… avec des questions : et si le coronavirus s’installait ?

Et si une épidémie géante se faisait jour sur la planète ? Faut-il faire des provisions et rester cloitrée dans mon beau village de montagne ? Faut-il vraiment refuser de parler, d’embrasser ces amis qui rentrent d’Italie ? Faut-il aller skier alors même que des milliers de personnes viennent du monde entier sur mes belles pistes des 3 Vallées ? Et je vois les signes de peur qui se multiplient aussi autour de moi. Déjà, le sujet se glisse dans toutes les conversations… Hier soir un texto d’amis pour annuler un repas au restaurant because coronavirus … Zut, dommage de ne pas se voir et en plus c’était un super restaurant étoilé ! Une autre amie refuse de prendre sa propre soeur en voiture car celle-ci tousse or elle rentre d’Italie. Un copain refuse de monter dans une télécabine car les autres passagers « ont des têtes de chinois, ils vont nous refiler le virus » , en fait ce sont de charmants philippins, d’autres amis décident de rentrer chez eux en Ecosse et d’écourter leur saison de ski pour se mettre à l’abri.
Le virus de la peur serait-il tout aussi virulent que le coronavirus,…J’essayais d’écouter ce qui pouvait être juste et approprié dans la situation. Comment ne pas se laisser saisir par la panique mais rester dans une prévention juste ? Comment ne pas ignorer la chose mais rester dans la réponse adéquate ? Que faire pour prévenir au mieux le risque ? Comment se comporter en évitant la panique mais aussi l’inconscience ? 
Finalement ce sont des questions communes, voire quotidiennes de la vie. Elles sont juste amplifiées par le coté dramatique qui se joue, notamment dans les média, mais ce sont des questions qui se posent à tout instant pour tout un chacun. Où trouver l’équilibre juste entre l’ultra-protection et la négligence, en matière d’alimentation, de soin, d’activités, de travail. 
Voici mes propres conclusions / essais, intuitions à ce jour dans cet épisode :
• prendre conscience de mes peurs et les accueillir : après tout c’est normal de flipper un peu , nous sommes aussi les héritiers des grandes épidémies du moyen âge (pestes, choléras, .. ) ou du début du siècle dernier (grippe espagnole) et elles ont sans doute laissé des traces dans l’inconscient collectif, et ces traces se re-activent lors des épisodes récents. 
• choisir de ne pas nourrir ces peurs : ne pas aller sur internet plusieurs fois par jour pour voir les chiffres et données, ne pas parler de cela, ne pas écouter les amis pris dans leurs paniques diverses
• choisir, quand c’est possible, de ne pas agir à partir de ces peurs. La peur, comme la colère est mauvaise conseillère .. et la peur n’évite pas le danger. Notamment pour ne pas en rajouter, je me suis fixée une ligne de conduite : ne pas fonder mes décisions et actions sur la peur, donc écouter intérieurement et donc par exemple je n’irai pas faire des stock de nourriture, même si une petite voix intérieure apeurée me susurre que c’est vraiment urgent.
• Choisir de prendre soin de ces peurs .. OK je n’irai pas faire de stock mais je peux rassurer la petite fille en moi qui a peur de mourir de faim. Non je ne la laisserai pas tomber. Je regarderai tranquillement les conseils proposés par les professeurs de médecine mais pas les émissions sensationnelles des chaines d’infos 24/24.
• Me rappeler que la prévention est le plus important. Un bon feu digestif permet de se mettre à l’abri de beaucoup d‘agents pathogènes ! Me rappeler notamment la phrase de Claude Bernard (souvent attribuée à Pasteur ) : "le virus n’est rien, le terrain est tout" et faire ce qui est en mon pouvoir pour garder une bonne immunité. Par exemple, lever le pied en matière d’alimentation - finalement c’est peut être une bonne idée de ne pas aller diner dans ce restaurant étoilé :-) - , manger léger le soir, voir faire une diète, s’activer physiquement, prendre des épices digestives. Déjà ça peut pas faire de mal et de plus, faire quelque chose de positif et d’utile pour mon système apaise le mental. 
Selon l’Ayurveda, le feu digestif ou AGNI Agni Feu ou principe cosmique , est responsable de notre digestion mais aussi de notre « immunité » en cela qu’il permet de détruire les virus, bactéries ou microbes toxiques pour notre santé. Une bonne digestion est non seulement agréable mais source de santé. Il combat les agents pathogènes et empêche la formation d’AMA Ama Toxines, masse des aliments non digérés , les toxines, qui font le lit des infections diverses et variées. 
• profiter de cet épisode pour affiner ma conscience sur mon fonctionnement, que ce soit mes pensées - comment je me laisse embarquer dans un scénario, comment je projette des hypothèses fatales, comment je nourris mes pensées de calculs - ou mes actes - comment je peux nourrir ma peur et celle des autres dans mes paroles, comment j’alimente les fantasmes moi même, comment je me distrais en faisant des blagues, comprendre quand une peur déclenche une réaction - ou mes émotions : comment je ressens la peur .. 
• Essayer de voir, au-delà, ce qui se joue pour moi et pour tous dans cette période, dans cette crise, mondiale. 

Voila ou j’en suis au moment d’écrire ces lignes, je serai curieuse d’échanger avec chacun sur les résonances singulières pour vous de cet épisode … 

Prenez soin de vous et de votre feu digestif !

Bien à vous,

> Eveline Mathelet, présidente de l’association Ayurveda en France