La chronique d’Éveline Mathelet
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Et vous, comment vivez vous ce temps de confinement ? 

Nous voila donc chez nous, dans nos appartements, dans nos maisons, avec nos proches, ou seuls pour une durée non connue à ce jour, quelle drôle d’expérience ! Oui vraiment, quelle drôle d’expérience ! Et elle est double : 

1/ D’abord celle de la "pandémie » - c’est curieux la ribambelle de mots, inusités jusque là, qui entrent brusquement dans nos vies et font désormais partie de notre quotidien du moment : « confinement », « pandémie », « gestes barrières » « distanciation sociale » - pandémie qui nous confronte à la contagion, aux peurs ancestrales issues des épidémies anciennes ou plus récentes, à la peur de l’autre, à nos peurs intimes, aux peurs des autres.
Une épidémie qui touche quasiment le monde entier, sans que nul pays n’en soit épargné, une transmission invisible, un virus ultracontagieux qui se propage. 
2/ Ensuite l’expérience du confinement, recommandé puis imposé. Une obligation de rester chez soi, de ne pas se toucher, s’embrasser, de respecter une «  distance de sécurité », une obligation d‘arréter tout ce à quoi nous étions occupés jusque là, et d’entrer dans un autre temps, un autre rythme.
Ces deux expériences nous ont été « proposées » sans échappatoire. Comment les traverser de manière « ayurvédique » c’est à dire en gardant le plus de vivant possible, en soutenant le vivant en nous et autour de nous. Chacun trouvera ses réponses, son chemin singulier dans cet épisode particulièrement inhabituel. Mais la direction est la même pour tous : chercher et trouver ce qui nous rend le plus vivant, ce qui nous nourrit le plus, ce qui nous fait vibrer et nous garde en santé profonde. 
Sans aucune idée de donner de leçon à quiconque, voici un partage de mon expérience, au jour le jour.. 
• Je vis ce temps de confinement comme une vraie pause. J’en profite pleinement avec sieste, coucher tôt, pas de pression du travail, bouquins, poésie, - je ne suis ni au front dans des services hospitaliers, ni au travail devant une caisse enregistreuse, ni en télétravail - et j’ai conscience de ma grande chance en étant qui plus est confinée au paradis, dans un lieu splendide de nature, chez moi en montagne. J’ai la chance en outre de n’avoir aucun malade parmi mes proches. 
• Je retrouve le temps et le goût de marcher tous les jours, parfois un peu plus d’une heure je l’avoue, parfois un peu moins, mais tous les jours. Ce que je ne faisais pas toujours dans ma vie d’avant non confinée, car souvent je zappais la balade, prise par d’autres « nécessités » et pourtant j’adore marcher autour de chez moi, dans la beauté sauvage de mes montagnes.
• Je cuisine, comme j’ai toujours fait, tous les jours, des produits ultrafrais, des recettes « ayurvédiques »  mais j’ai plus de temps mais surtout plus de disponibilité intérieure … Comme je suis confinée avec une amie et coloc, je nous concocte tous les jours un savoureux repas de midi , simple, gouteux, délicat, subtil, que nous prenons sur la terrasse au soleil. Je veille particulièrement à proposer des goûts, des couleurs et des textures variés, délicats, épicés, colorés. Bref une belle assiette pour nous mettre en appétit. 
• Je prends grand soin de mon feu digestif - Agni Agni Feu ou principe cosmique en ayurveda. L’Ayurveda enseigne que la digestion est une source majeure d’immunité. Agni Agni Feu ou principe cosmique nous permet de digérer mais il est aussi notre meilleure barrière anti invasion vis à vis des microbes, bactéries et virus. Il s’équilibre notamment en mangeant des nourritures, fraiches, digestes, cuites, onctueuses et en suivant les principes d’alimentation proposés par l’ayurveda, dont notamment des quantités mesurées et pas de sucre en fin de repas, en allégeant la nourriture, en espaçant les repas. 
• J’ai le temps de faire plein d’essais de cuisine 
• J’essaie de limiter le temps sur écran. J’y arrive plus ou moins selon les jours, mais je vois bien la différence sur mon niveau d‘énergie entre les jours avec et les jours sans.
• Je passe plusieurs longs coup de fils par jours pour prendre des nouvelles, en donner, parfois à des très proches, parfois à des amis pas vus depuis quelques temps. Et nous sommes heureux simplement de nous dire quelques mots, et ces quelques mots me nourrissent pleinement. Je sens l’amitié, la tendresse et c’est bon. Je téléphone notamment tous les jours à ma maman alors que j’ai une relation plus distante d’habitude, et c’est juste chouette. 
• Le plus important pour moi a été de me recentrer et de revenir à ce que je sens profondément à l’intérieur. Face à la marée de nouvelles, d’infos - et pourtant je n’ai ni télé ni radio - de vérités et contrevérités sur le virus, les traitements, les choses à faire et ne pas faire en confinement, face à la peur des autres qui m’oblige à regarder les miennes, je me recentre peu à peu sur ma vision intérieure, sans m’obliger à débattre ou perdre de l’énergie à vouloir convaincre quiconque. 
• Je ris beaucoup en regardant des petites vidéos ou des blagues envoyées par les copains. E ça fait du bien ce second degré par rapport au confinement ou au virus.
Une de mes préférées : "si les écoles continuent â être fermées, les parents trouveront un vaccin avant les scientifiques ! " . Je regarde chaque jour quelques minutes de comique - mes préférées « Kaamelot » ou les chroniques de Thomas VDB sur France Inter , ou une scène des tontons flingueurs, ou du "diner de cons" … j’ai vu que c’était très important pour moi de pouvoir rire aux éclats, tous les jours. 
• Je me relie aux autres le soir à 20 h - quand je n’oublie pas comme ce soir en écrivant ma chronique - en sortant applaudir et remercier les équipes soignantes et tous ceux qui travaillent. Ma terrasse est pourtant à l’écart des autres maisons de mon petit village, mais même seule je me sens reliée. 
• Je range, je range, je range, je mets de l’ordre, je trie, je jette, je nettoie, je fais de la place, j’enlève le moche, le plastique, le surplus, je fais du vide. J’ai un peu honte de tout ce que j’ai , de tout ce que j’ai acheté, de tout ce que je vais jeter, je prends des résolutions « zéro déchet » et « sobriété heureuse » . En tous cas ce rangement me fait le plus grand bien. Un nettoyage de printemps de ouf ! 
• Je prends le temps de me relier avec mes voisins. Une de nos voisines a installé une « slack line » et nous pratiquons à tour de rôle, nous avons désormais un groupe whatsapp entre nous dans le village, nous avons une organisation pour les courses, notre commune édite un « journal des nouvelles positives » fabriqué par les CM1 et CM2 … donc des bonnes pratiques à suivre et développer.
• Je me rappelle ( cours d’ayurveda , année 2 ! ) comment rendre un espace sacré : mettre une bougie, une intention, une fleur - ou une photo de fleur - des objets inspirants, faire bruler un peu d’encens, chanter ou faire vibrer un instrument, de manière à ce que l’espace de mon confinement soit plus harmonieux et me nourrisse davantage. 
• J’essaie de me souvenir aussi que la conscience n’a pas de limites temporelles ou spatiales - pratique en temps de confinement ! Du coup, en conscience, on peut se balader sans attestation dérogatoire ! 
• Je rêve d’un monde meilleur, moins pollué, moins stressé, plus harmonieux, plus joyeux, plus vivant, et c’est sans doute ce qui me fait le plus vibrer. Je sens que c’est juste là, à portée de main, à portée de coeur. C’est bon de sentir cela.

Et vous comment passez vous ce temps de confinement ? Quelles solutions, aménagement avez vous trouvés ? Quels rêves et envies vous traversent ? Comment gardez vous le vivant en vous ? Je serai heureuse de partager votre vision … 
Bien à vous 

> Eveline Mathelet, présidente de l’association Ayurveda en France