La chronique d’Éveline Mathelet
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Le mystère de la Vie

En ce printemps 2021, la vie m’a proposé une nouvelle aventure mystérieuse et merveilleuse : l’arrivée de Timothé, mon petit fils.
Au delà de l’immense bonheur de le rencontrer et de voir ma fille se déployer magnifiquement en maman avec l’appui de son compagnon, cette arrivée est aussi une splendide leçon d’Ayurveda.

Timothé active encore plus en moi cette compréhension du vivant à l’état brut, intouché, simple, évident ! Cette part instinctive que nous avons tous mais qui reste tellement enfouie et se révèle au contact de la Vie ! Et quoi de plus vivant qu’un nourrisson, quoi de plus sacré que ce mystère du vivant, des les premières minutes, heures et jours de son existence parmi nous.
En le regardant, en le rencontrant, émerveillée, je redécouvre la beauté de la vie, la beauté et la magie du vivant, si précis, si précieux, si bien ourlé, si bien fini.
Ses envies et ses besoins sont simples, se sentir en sécurité, téter, digérer, éliminer, dormir, ne pas être perturbé, être à la bonne température. Mais parfois ce n’est pas si facile à décoder et cela demande une grande attention mais aussi beaucoup de simplicité et de confiance dans le vivant. Et sa maman est vraiment présente au vivant, instant après instant... C’est très beau d’en être le témoin.
Tout ce qui se passe, sans mots, est toujours à la fois simple ,que c’est presque trop simple. Nous cherchons parfois des explications plus compliquées, plus médicales et nous oublions de faire confiance à la vie et à ses mécanismes précis et ajustés. Si les selles sont trop ceci ou pas assez cela, c’est que les mécanismes d’ajustement et de digestion s’adaptent au mieux à l’alimentation reçue, qu’il faudra peut être revoir. Les pleurs lors du change ? C’est que quelque chose ne lui convient pas. A-t-il froid ? Se sent-il démuni ? Est-ce le bon rythme ? A-t il besoin d’être caressé ? massé ? contenu ? Faut-il aller plus vite ou plus lentement ? Cette recherche constante de son bien-être amène à faire chaque fois de plus en plus confiance… il y a toujours une raison et c’est la vie qui se manifeste dans les signaux qu’il émet. A nous de les voir puis de les décoder.
Les pleurs de 18 h ? Des pleurs de décharge ? Une faim soudaine ? Un stress ? P as assez de mouvement ? Trop de mouvement ?
Je vois l’attention que sa maman lui donne et combien cela permet de s’ajuster et de comprendre tranquillement ce qui se passe…et je vois aussi combien Timothé est calme. Il sait que ses besoins seront satisfaits, rapidement, pas besoin de se mettre en colère ou en panique.
Je vois aussi combien le vivant demande beaucoup de soin… ne pas claquer les portes ou heurter les assiettes et les casseroles, faire attentions aux bruits, aux odeurs trop fortes, ou aux énergies trop décalées , pas de balade dans les grands magasins ou les rues trop encombrées, pas trop de personnes à la fois , car cela agite tout de suite.

Je vois la sagesse des recommandations millénaires de l’ayurveda. Il s’agit d’ouvrir peu à peu et très délicatement le bébé sur le monde extérieur. L’amener dans le monde extérieur doit être très progressif, après tout, il a passé neuf mois dans le ventre de sa maman, un univers protégé, très sécurisé, fluide, où les sensations sont feutrées… la grande lumière, le bruit, l’agitation, les mouvements saccadés, les touchers rêches ou heurtés, les rythmes trop rapides, les changements trop nombreux de bras, même accueillants … ne font qu’aggraver son stress.
Et je sens aussi combien nous maltraitons souvent les petits enfants en nous, notre part la plus vulnérable et sensible en l’exposant à toutes sortes de stimuli trop forts, trop violents, trop perturbants.
De la même manière que nous pouvons prendre soin d’un nourrisson, nous pouvons aussi prendre soin d’une petite pousse végétale, d’un animal qui vient de naître, ou encore de la vie et de la santé en nous : observer les signes, tenter de les décoder avec la grille de lecture du vivant, notre réflexion ou notre intuition, essayer des petites solutions, voir si ça marche, prévenir, reprendre la réflexion, essayer autre chose, et à chaque fois, mieux se connaitre et mieux se traiter … en faisant confiance que si un symptôme se manifeste c’est qu’il y a une cause profonde… à découvrir.
Ce que nous enseignent les bébés est précieux pour chacun de nous quelque soit notre âge : le vivant en nous demande à être traité délicatement, avec beaucoup d’attention et de soin,. Et ce miracle qui advient quand nous prenons soin, c’est alors la récompense : des gazouillis, de merveilleux sourires, des échanges profonds les yeux dans les yeux , des petites caresses, et l’infini du vivant qui s’ouvre…

areuh areuh …

> Eveline Mathelet, présidente de l’association Ayurveda en France


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