Le petit chat est mort ! 

Il y a quelques semaines, en vacances / chantier participatif chez des amis, leur fillette et son amie trouvèrent un chaton nouveau né moribond. 
Nous essayâmes de le sauver. 
Nous échouâmes mais l’ensemble de l’aventure, pourtant soldée par la mort du chaton, fut pour moi un enseignement magistral sur l’intelligence du Vivant.

 
Tenant dans ma paume ce minuscule animal, je sentis tellement fort le vivant, la vie, le précieux de cette vie. Une vie toute neuve, si ténue, si menue et délicate. 
J’en sentis aussi la fragilité, la vulnérabilité, l’extrême volatilité… 
Quelques dizaines de grammes de poils et de pattes, de coeur qui bat, un petit être qui respire, certes fragile mais vivant. 
Une petite boule noire, que les filles décrétèrent de nature féminine, qui luttait valeureusement pour sa survie. C ‘était beau de voir l’élan naturel des filles pour le petit animal dans la détresse. Un autre copain, du haut de ses 7 ans, avait immédiatement apporté son doudou pour tenir compagnie au chaton. C’était d’autant plus mignon que le doudou en question avait la forme d’une souris grise !
Trop jeune - son cordon ombilical n’était même pas sec, - , trop faible, trop malmenée par ses premières heures de vie sans doute, la chatonne n’a pas survécu même si elle et nous avons vaillamment collaboré pour son sauvetage. 
Nous étions bien ignorants en matière de néonatalité féline… heureusement il y a google et internet...et par chance il y avait du réseau … Un chaton, surtout tout petit, à l’instar d’un nourrisson, a très peu de chance de survie sans sa maman .. Nous apprîmes donc qu’Il fallait procurer les soins de « nursing « qu’une maman chat donne à son nouveau né : nourriture, nettoyage et chaleur . 
• Pour la nourriture, nous y avions tout de suite pensé : une pipette comme un mini-biberon, du lait très coupé et tiédi .. un goutte à goutte que le chaton semblait apprécier. Nous avons même rajouté un tout petit peu de ghee Ghee Beurre clarifié , pour imiter le lait gras type colostrum des premières tétées des bébés et des petits veaux. 
Et une de nos copines a ramené le lendemain du lait maternisé de chez le véto, mais trop tard .. 
• Ensuite, nettoyage : le soin hyper important - toujours d’après google - consistait à lui nettoyer le bas ventre et l’anus - comme l’aurait fait la langue de sa maman - pour laver et surtout stimuler le réflexe d’urination et défécation, sans lesquels le petit chat ne peut survivre. Munie d’ une compresse tiède, je me suis lancée délicatement dans la manoeuvre… ça a super bien marché puisque quelques secondes après une petite et sympathique diarrhée me couvrait les doigts .. Yess !! C’est dingue, j’étais si joyeuse de ce réflexe de bonne augure que j’en oubliais totalement le coté un peu délicat de l’affaire.
Le chaton paraissait en état stationnaire… il avalait quelques gouttes, il tournait son ventre pour être nettoyé … 
• Enfin, nous nous sommes probablement trompés sur le troisième facteur : la chaleur . Nous avons simplement mis le chaton au chaud dans de la laine de mouton - nous en avions à foison sur le chantier ! Certes la laine l’isolait parfaitement et de manière douce mais hélas nous n’avons pas pensé à le réchauffer. En effet, dans les premiers temps de leur vie, les chatons nouveaux nés ne produisent pas eux même de chaleur corporelle, or il leur faut 32 ° - c’est pourquoi d’habitude ils sont blottis contre leur mère, contre les autres chatons de la portée. Nous aurions peut être du le tenir tout le temps contre nous, tenter du peau à peau, mettre son « berceau/boite à chaussure » sur un radiateur…Une source de chaleur extérieure pendant les premières heures et journées de vie est capitale. 
Et quelques heures après son arrivée, le petit bout’chou a cessé de vivre, malgré un tour de garde pour lui donner à manger et le nettoyer, toutes les deux heures… Sans doute épuisé et trop refroidi, il était au bout de ses ressources vitales, comme une bougie qui s’éteint. 
J’ai trouvé extraordinaire comment le vivant s’organise : le lait un peu plus gras/proteiné juste après la naissance, la langue de la maman qui nettoie mais aussi stimule les réflexes d’élimination, la chaleur nécéssaire qui est fournie en principe par les autres chatons,.. etc…et comment, faute de tout cela, l’énergie de vie s’affaiblit doucement jusqu’a la mort. 
J’ai aussi senti ardemment la magie de la vie et le mystère de la destinée.
Ce chaton devait juste venir nous enseigner ce mystère et cette magie puis repartir dans son Nirvana. 
Merci petite chatonne noiraude qui a traversé ma vie en ce début du mois d’Aout pour me montrer une fois de plus l’intelligence du vivant. 
Je te souhaite le meilleur au paradis des chats. 

> Eveline Mathelet, présidente de l’association Ayurveda en France