Ne rien faire ! Vive le farniente !

Dans un livre d’ayurveda sur la grossesse * sur lequel je travaille en ce moment , 7 voies de guérison sont décrites. Elles sont graduelles, de la voie la plus simple « ne rien faire » à la voie la plus brutale, « l’intervention invasive ».
L’image proposée est celle de descendre d’une montagne. Nous pouvons emprunter des chemins très doux et sans risques - ce sont les approches naturelles. Nous mettrons alors un peu de temps pour descendre cette montagne. Nous pouvons aussi choisir des chemins plus escarpés. Plus rapides et « droits dans la pente », ils sont également plus risqués, voire dangereux. Quand il y a urgence vitale et qu’il faut descendre très vite, les approches les plus brutales sont recommandées. Mais le plus souvent nous avons le temps...

Les 7 chemins possibles pour guérir selon Susun Weed :

1- ne rien faire ( méditer, se relaxer, .. ) / laisser faire
2- chercher de l’information (guidance intérieure, oracles, avis exterieurs, ...)
3- se connecter aux éléments , à l’univers
4- nourrir et tonifier avec la nourriture et le mode de vie
5- stimuler et/ou apaiser avec des plantes
6- utiliser des médicaments
7- intervenir de manière invasive dans le corps physique, émotionnel ou énergétique

Chacun de ces chemins peut être suivi seul et ils peuvent aussi être combinés.

J’aime beaucoup cette approche, très ayurvédique dans son esprit, qui permet de renouer avec la confiance fondamentale dans les forces de vie et de guérison intrinsèques à chacun !
Si la situation le nécessite bien sûr - accident grave, urgence, - on peut passer tout de suite aux modalités 6 ou 7 qui ont alors toute leur valeur et leur pertinence.
Sinon, les approches plus douces , plus graduelles, sont aussi éfficaces à moyen et long terme et plus respectueuses.

Notons aussi que les plantes, loin d’être anodines, sont déjà en numero 5 …. Donc inutile de se ruer sur telle ou telle herbe magique censée nous sauver. Mieux vaut souvent modifier son alimentation et son mode de vie . Exactement ce qu’enseigne l’Ayurveda.

Car plus nous allons vers des méthodes interventionnistes, invasives, plus il y a d’effets secondaires pour notre corps et pour notre équilibre psycho corporel.
Plus nous privilégions les approches douces, moins il y a de dégâts collatéraux.

• Faut-il prendre des plantes pour digérer ou examiner notre manière de nous alimenter au quotidien. Certes nous pouvons soulager une douleur ponctuelle avec une plante digestive ou carminative, mais l’examen de notre alimentation sera plus efficace à long terme.

• Faut-il prendre des anti-inflammatoires pour pouvoir skier quand un genou est atteint ? Ne vaut-il pas mieux attendre quelques semaines ou quelques mois et skier - peut être de manière plus cool - la saison prochaine sur un genou rétabli. Une copine me racontait son épopée en trek avec son genou qui doublait de volume chaque soir et dont elle calmait les douleurs à grand renfort de médicaments.
Son analyse : « mon corps me lâche ! » Ma question en retour « et si c’était toi qui lâche ton corps ? »… et « pourquoi t’infliger cela ? ».

• Faut-il prendre des somnifères ou des antidepresseurs aux effets secondaires souvent très dévastateurs ou bien pourrions nous trouver une aide psychologique durable qui nous permette de faire face à ce qui vient nous bouleverser profondément et nous blesser ? Ou encore modifier nourriture et mode de vie très légèrement pour se sentir un peu mieux et trouver des appuis intérieurs ?

• Faut-il vraiment prendre des antibiotiques quand des soins naturels pourrait permettre de réduire et juguler l’infection ? Je me rapelle mon professeur d’Ayurveda qui disait que les antibiotiques devraient être réservés aux seuls cas de risques mortels.

• Faut-il toujours opérer ou y a t-il d’autres voies moins pénalisantes pour le corps ? Sur ce sujet, je vous conseille le témoignage puissant du maitre tibétain Phakyab Rinpoche « La méditation m’a sauvé » qui relate son choix pour éviter l’amputation de sa jambe atteinte d‘un gangrène très avancée, malgré les avis médicaux les plus pointus.

Il ne s’agit pas de condamner les approches 6 et 7 et de jeter aux orties médicaments et opérations - ils ont toute leur valeur dans certains cas graves - mais simplement d’en examiner la justesse, les effets, les conséquences immédiates et à long terme. Il s’agit de repérer l’existence de voies alternatives, souvent moins préjudiciables à long terme et de choisir en conscience.

Il y a assez d’exemples aujourd’hui et de connaissances scientifiques pour attester la dangerosité des traitements pourtant couramment utilisés. Les maladies iatrogènes - provoquées par les traitements - et nosocomiales - « attrapées » dans les hopitaux cliniques et autres - sont de plus en plus répandues . Donc restons vigilants et choisissons en conscience…

Voulons nous descendre la montagne très vite en prenant des risques sur la piste noire ou glisser tranquillement et longuement le long d’une piste verte en admirant le paysage… ? Nous arriverons au même endroit mais peut être pas dans le même état !

Pour ma part, l’idée de ne rien faire est suffisamment séduisante pour que ma paresse et moi-même y souscrivions entièrement.
Ne rien faire - ca se dit « farniente » en italien… - ça me plait vraiment. Oui, oui oui, je veux bien approfondir mon approche farniente ! Et même reprendre des études ! J’imagine déjà les TP : terrasses de bistrot, avec un spritz - heuh non, peut être une tasse d’eau chaude - et un amoureux, petites balades au soleil, chaise longue devant la mer, repos et ralentissement général , méditation en plein champ… ! Je m’inscris direct !

En tous cas,quelle que soit votre manière de descendre la montagne, bonne balade à vous et bonne santé !

Bien à vous

Eveline Mathelet, présidente de l’association Ayurveda en France


* « Ayurveda for the childbearing years, a primer » de Tera Rafaël où l’auteur fait référence aux 7 voies d’une guérisseuse nommée Susun Weed