Turning Japanese ou le concombre enchanté...

Je ne sais pas vous mais j’ai souvent une chanson pour chaque moment de la vie… certains de mes amis me surnomment « le Jukebox ambulant » car il est vrai que j’ai un répertoire assez étendu, en anglais comme en français qui s’étale à présent sur presque un demi-siècle, ma grande spécialité étant les années 60-80.

J’ai passé une partie de mes « Années Vingt » à Londres – en pleine haute saison Punk. Je penchais plutôt pour le rock psychédélique et le jazz à cette époque, mais quelques bons tracks des Sex Pistols et des Clash sont tout de même restés gravés dans ma mémoire jusqu’aujourd’hui…
Quelques décennies plus tard, j’ai trouvé sur le marché de mon petit village Bourguignon de magnifiques concombres du pays… quoi de plus omniprésent que le concombre ? On en trouve dans tous les pays du monde et en France particulièrement d’avril à octobre où il viendra nous rafraichir de la chaleur torride de nos étés. Je me suis empressée d’en acheter trois car l’occasion me semblait trop bonne et le charmant jeune homme qui les cultive est un instituteur de la région parisienne récemment reconverti que je voudrais encourager activement dans sa démarche.
Seulement voilà… qu’en faire ? des sandwichs au pain de mie avec du beurre comme pour un « Perfect Picnic » anglais ? Une soupe froide à la crème ? Une salade toute simple ? Un tabouleh ? A la crème ? A la menthe ?
Et puis le souvenir m’est venu d’une salade un peu japonaise et en même temps d’une chanson post-Punk et pré-New Wave complètement absurde et inoubliable … « Turning Japanese ».
Pour celles et ceux qui ne connaissent pas, je vous conseille d’aller regarder le clip officiel du groupe « The Vapours » (dont personne n’a plus jamais entendu parler par la suite) datant de l’inoubliable année 1980. Cette chanson est composée essentiellement d’un refrain répétitif, n’a ni queue ni tête, ne signifie strictement rien, et pourrait entrer au Panthéon des chansons ridicules à jamais reléguées dans les oubliettes de l’histoire… mais voilà… une fois que vous l’aurez entendue une fois, une seule, vous n’oublierez jamais ce refrain obsédant tant et si bien que chaque fois que vous verrez quelque chose de vaguement japonais il viendra vous hanter. Vous voilà prévenus !
C’est donc en chantonnant que j’ai préparé cette salade. Je n’ai pas de sauce soja dans ma cuisine car depuis que je cuisine « ayurvédiquement » je la trouve bien trop salée à mon goût, mais vous pourriez si vous en avez en utiliser un peu à la place du sel.

Pour quatre personnes :
- 2 concombres épluchés si la peau est dure, sinon essayer d’en garder le plus possible pour ses qualités nutritionnelles, sans les graines et coupés en fines lamelles.
- 2 ou 3 oignons verts taillées finement avec tout le vert
- 4 cuillers à soupe d’huile de sésame grillée ou d’huile d’olive
- 3 cuillers à soupe de vinaigre de riz ou de cidre
- 1 cuiller à soupe de sauce soja (facultatif)
- 2 – 3 cuillers à café de miel
- Quelques pincées de sel (si l’on n’utilise pas le soja)
- 1 cuiller à soupe de graines de sésame entières ou noires grillées (pour les griller les faire revenir dans une poêle à sec pendant 3 ou 4 minutes les temps que l’odeur de grillé flatte l’odorat)
- 2 cuiller à café de baies roses pilées au mortier ou une bonne pincée de piment d’Espelette (facultatif), sinon un peu de poivre noir moulu
- 1 cuiller à soupe de gingembre frais râpé
- Quelques fleurs, feuilles de menthe, tomates cerise etc. pour décorer.

Méthode :
Mélanger tous les ingrédients en chantant « I’m turning Japanese you know I’m turning Japanese I really think so, I’m turning Japanese you know I’m turning Japanese I really think so, I’m turning Japanese you know I’m turning Japanese I really think so, I’m turning Japanese you know I’m turning Japanese I really think so, I’m turning Japanese you know I’m turning Japanese I really think so, I’m turning Japanese you know I’m turning Japanese I really think so”.

Cette salade très fraiche, légère et légèrement acidulée est très agréable par temps chaud.
Le concombre, membre honorable de la noble famille des « cucurbitacées », sous son air inoffensif et aquatique recèle un trésor de bienfaits pour la santé. Parfois un peu amer dû à la présence de « cucurbitacine » secrétée afin de décourager la prédation des herbivores, ce légume pourrait sembler peu intéressant sur le plan nutritionnel. Lors de mes voyages en Inde j’ai pu observer que la plupart des repas sont accompagnés de quelques tranches de concombre et j’ai longtemps pensé qu’il s’agissait essentiellement de rafraichir la bouche et les sens enflammés par le piment omniprésent… en y regardant de plus près, j’ai appris qu’en dehors de ses propriétés réhydratantes en temps de chaleur, le concombre est très riche en nutriments (vitamines A, C et K) et en minéraux (potassium, manganese, magnesium) et contribue à un bon transit intestinal.
En ce qui concerne l’amertume, certaines recettes préconisent de le dégorger avec du sel, ce que nous ne ferons pas en Ayurveda car nous valorisons cette saveur, trop peu présente dans notre alimentation moderne, qui est utile pour faire « baisser le feu » de Pitta Pitta Humeur biologique du feu , surtout pendant la saison chaude. L’amertume est la saveur qui favorise le discernement, et nous aide à savoir « faire la différence » afin de faire les bons choix dans nos vies.
En bonus, j’ajouterai une petite astuce léguée par mon père roumain. Lorsque vous coupez le concombre, coupez le « cul » à un demi centimètre environ pour faire un petit « bouton ». Vous pourrez coller la partie coupée en plein milieu de votre front, ce qui aura deux avantages ; vous rafraichir le corps tout entier en quelques instants (essayez, vous verrez) et vous faire ressembler à un extraterrestre excentrique, vos enfants vont adorer. Oubliez de l’enlever en sortant de chez vous et vous aurez un succès fou !!

> Vanessa Gheorghiu, Educatrice de santé selon l’ayurveda, membre d’AEF