J’ai rencontré il y a quelques jours une jeune femme qui emmène dans la nature des familles, des enfants mais aussi des personnes qui résident en EPAHD, faire ce qu’elle nomme si joliment des "ballades d’émerveillement " . Elle choisit des parcours en sous bois, ou le long ds ruisseaux et de rivières, aux abords des forêts, dans des clairières, des chemins faciles, rien de sportif ni d’engagé… Mais elle partage son amour et son lien si fort à la nature et au vivant. Selon les publics, elle raconte de petites histoires et anecdotes naturalistes poètiques, invente des jeux pour les enfants avec ce qu’elle trouve sur place, attire l’attention sur une plante, un animal, un insecte de manière ludique et créative, etc..
Elle n’avait sans doute jamais entendu parler de l’ayurveda mais, en fait elle le pratique avec ferveur dans toutes ses activités.. Du moins est-ce ce que j’ai ressenti !
L’ayurveda - qui peut être en soi un mot un peu compliqué - ne demande pas de connaître quoi que ce soit de compliqué. Pas besoin de sanskrit, de cuisine indienne, ou de plantes aux noms savants.
La vie est déja en nous, et donc la connaissance de la vie, la « science de la vie » une des traductions classiques du terme Ayurveda - aussi. Nous n’avons pas besoin d’apprendre comment être vivant, être plein de vie. Nous avons plutôt besoin de désapprendre tout ce que nous faisons pour survivre au lieu de vivre, tout ce que nous avons rajouté mentalement, de lâcher tous les comportements qui nous coupent du vivant, de notre savoir inné, de notre sagesse profonde, de notre compréhension immédiate (et pas intellectuelle) du vivant. Si nous laissons faire, si nous laissons notre sagesse de vie aux commandes, quand nous avons trop chaud, hop nous nous rafraîchissons, .. rien de bien complexe là-dedans. Mais si nous commençons à réfléchir, nous perdons souvent notre élan et nous compliquons notre relation à la vie : nous avons chaud, mais la réunion n’est pas finie alors nous attendrons pour nous rafraîchir, ou nous n’osons pas aller chercher un verre d’eau etc… Pas besoin de déchiffrer des formules complexes chimiques pour savoir qu’un fruit bien mûr et qui vient d’être cueilli dans notre jardin (ou celui du voisin) va plus nourrir la vie en nous qu’une pauvre pomme bourrée d’engrais et de pesticides qui vient de passer quelques mois dans une chambre froide. Evidemment, nous savons intuitivement mais nous ne laissons pas toujours cette sagesse innée nous guider.
Nous avons besoin de marcher à nouveau sur la terre, le long des ruisseaux, sous les futaies, dans les clairières, de nous baigner dans les torrents, pour retrouver notre lien naturel au vivant. Ce n’est pas la seule manière de raviver notre connexion au vivant mais c’en est une, et des plus puissantes. Et nous pouvons alors ressentir notre lien à la vie à travers nos sensations, souvent plus vives dans la nature : le chant des oiseaux ou le clapotis du ruisseau, le souffle du vent sur le visage, la palette de tous les verts au printemps, le gout sucré ou astringent d’un brin d’herbe, les odeurs de foin, d’humus, de fleurs … et l’émerveillement est souvent le signe de notre retour dans le monde des vivants.
En l’écoutant parler avec enthousiasme et poésie, je me disais que les balades proposées par cette jeune femme avait sans doute le pouvoir merveilleux de renouer le lien de chacun des participants avec l’appel de la vie, de restaurer un peu de cette magie qui opère quand on ressent la puissance et la délicatesse de la vie en nous. Quelle beauté et quelle force de retrouver intacts au plus profond de nous l’éclat et la magnificence de la vie, Whaouh !!
Et j’imaginais l’enchantement pour tous, pour les enfants, pour les parents, pour les personnes agées dépendantes.
J’imaginais aussi les petites améliorations, les petits espaces de bien être si précieux, quant à la santé physique et mentale des plus anciens… Le seul et vrai guérisseur pour nos corps, nos coeur et nos âmes, c’est la restauration de notre lien au vivant. Tous les systèmes de santé, tous les protocoles de soin se résument in fine à cela.
Alors laissons nous conduire par la vie, écoutons-en les élans intérieurs, prenons le temps de les entendre et de les suivre, dans nos journées parfois si denses. Imaginons nos petites balades d’émerveillement à nous. Qu’elles soient extérieures ou intérieures, dans les champs ou sur nos balcons, dans nos appartements ou en emmenant les enfants à l’école, écoutons, instant après instant, l’appel de la vie. et répondons présent.
C’est notre meilleur gage de santé.
Belles balades à vous
Bien à vous
Eveline Mathelet, présidente de l’association Ayurveda en France