« Detox » ou « Intox » ? Les vertus du Kitchari

Les périodes de transition entre l’hiver et l’été ou l’été et l’hiver sont considérées comme des moments propices aux cures de toutes sortes, et ce depuis la nuit des temps et que les femmes sont des femmes… (je ne pense pas trop me tromper lorsque je dis que les hommes sont généralement moins portés sur ces pratiques !).
Je me souviens que mon père, qui était roumain, me parlait des « élégantes » qui à l’automne faisaient des cures de raisin pour perdre les quelques kilos accumulés lors des agapes estivales. Il fallait manger pendant une à deux semaines uniquement du raisin noir entier avec les pépins. Légèreté, bonne mine et joie de vivre étaient garantis en récompense !

Aujourd’hui parfois ce sont plutôt les bouteilles vendues en pharmacie ou les tisanes du supermarché avec l’étiquette « détox » qui sont à la mode et font recette…
Mais en quoi consistent ces fameuses « toxines » dont on parle tant au juste ? D’où viennent-elles ? A quoi ressemblent t’elles ? Où se logent-elles ? Que font-elles ?
En quoi une substance peut-elle être qualifiée de « détoxifiante » ? Cela signifierait-il que la substance en question a la capacité de faire disparaitre les « toxines » de l’organisme ?
Les réponses à ces questions pourtant importantes ne figurent pas sur le flacon…
En Ayurveda nous parlons d’Ama Ama Toxines, masse des aliments non digérés – une substance qui n’est ni digérée, ni éliminée. En d’autres termes n’ayant aucun intérêt pour l’organisme mais restant néanmoins présente dans celui-ci et pouvant de ce fait s’accumuler et poser divers problèmes.
Ama Ama Toxines, masse des aliments non digérés s’accumule lorsque notre Agni Agni Feu ou principe cosmique (feu digestif) ne fait pas son travail. Parce que nous consommons des aliments industriels, ou que nous mangeons de trop grandes quantités par rapport à nos besoins, que nous vivons dans un environnement pollué, que nous buvons des boissons froides ou prenons de la glace et autres déserts à la crème après les repas… il y a tant de raisons… et un thérapeute Ayurvédique vous aidera à mieux comprendre les mécanismes de formation d’Ama.
L’aspect d’Ama peut varier en fonction des individus et de son emplacement dans le corps humain, car Ama à la fâcheuse tendance d’aller se promener, aidé par les « Doshas Doshas Forces vitales principales du corps ou humeurs biologiques au nombre de trois :

- Vata : air,énergie du mouvement

- Pitta : feu, énergie de la transformation

- Kapha : terre, énergie de la cohésion
L’ayurveda n’est essentiellement rien d’autre que la science des Doshas.
 » qui vont l’accompagner dans nos parties fragilisées et/ou dans les organes qui leur correspondent.
Notre rôle en tant qu’individus conscients aspirant à une meilleure santé est de tenter d’empêcher Ama de s’accumuler dans l’organisme - de faire le nécessaire pour d’une part, en avoir le moins possible, et d’autre part l’éliminer dans le cas où il y en aurait.
Car Ama et Agni Agni Feu ou principe cosmique sont opposés et antinomiques. Ils ne peuvent pas co-exister.
Ce n’est donc pas le contenu de la bouteille ou bien la tisane qui va nous « dé-toxer » mais bien Agni qui va faire le boulot, stimulé par les substances que nous ingérons. Les épices de toutes sortes sont excellentes pour stimuler Agni et c’est pour cette raison que nous les utilisons de manière répétée et régulière en Ayurvéda.
A chaque changement de saison, j’ai pour habitude de faire une monodiète de cinq jours (le même repas deux ou trois fois par jour) avec un kitchari (plat consistant de lentilles et de riz). Je trouve les bienfaits extraordinaires… essayez cette recette simple et délicieuse, vous ne serez pas déçus.

Recette du Kitchari

Léger, savoureux et digeste, le kitchari est le meilleur allié de votre Agni ! Plat Ayurvédique par excellence, il contient à lui seul les six saveurs.
Vous pouvez, bien entendu, savourer ce plat pour un repas léger, au petit-déjeuner également, à tout moment de l’année.

Ingrédients pour 1 personne :

- 40 g de riz basmati blanc ou demi-complet
- 40 de mung dal (haricots mungo dépelliculés que l’on peut trouver en ligne ou bien dans les épiceries asiatiques) ou bien de lentilles corail
- Une pincée de graines de cumin et de moutarde
- 1 cuiller à soupe de ghee Ghee Beurre clarifié (le ghee Ghee Beurre clarifié est très important dans cette recette)
- Une cuiller à café de gingembre et de curcuma frais râpés (on peut utiliser ½ cuiller à café de curcuma en poudre mais le gingembre en poudre ne fonctionne pas bien)
- 1 cuiller à café de graines de cumin
- Coriandre fraiche râpée
- 1 pincée d’Asa Foetida (Heeng ou Hing en épicerie indienne – facultatif)
- Un quartier de citron vert (ou jaune)
- sel, poivre noir fraichement moulu.

Méthode :

Faire tremper au moins une heure au préalable le riz et les lentilles avant de bien les laver (vous pouvez aussi les laisser tremper toute une journée ou toute une nuit).
Dans une casserole à fond épais faire revenir dans le ghee les pincées de graines de moutarde et de cumin. Lorsqu‘elles commencent à griller, rajouter le gingembre et le curcuma râpés et faire dorer quelques courts instants avant de rajouter le mélange riz/lentilles lavé et égoutté. Rajouter le Hing (Asa Foetida, si vous en avez).
Bien remuer le tout jusqu’à ce que l’eau soit absorbée puis rajouter suffisamment d’eau bouillante pour couvrir le mélange. Couvrir la casserole et laisser cuire à petit feu une petite dizaine de minutes (le riz et les lentilles étant trempés ils cuisent très vite). Ajouter un tout petit peu de sel si besoin et surveiller qu’il y a suffisamment d’eau pour la cuisson.
Pendant que le kitchari cuit, faire revenir la petite cuiller de graines de cumin dans une petite casserole ou poêle) dans un peu de ghee jusqu’à ce qu’une bonne odeur de graines grillées se dégage et qu’elles deviennent marron foncé (attention à ne pas brûler, en cas de doute goûter, les graines doivent être croustillantes mais pas amères). Ceci prend à peine une minute ou deux.

Servir le kitchari parsemé de feuilles de coriandre fraiches et des graines de cumin grillées et accompagné d’un quartier de citron.
Rajouter le sel et le poivre noir moulu à discrétion.

> Vanessa Gheorghiu, Educatrice de santé selon l’ayurveda, membre d’AEF