Cocooner le précieux du vivant en nous 

Chez moi en montagne c’est beau et rebeau ! Depuis quelques semaines, ciel bleu très pur, sans un nuage, grand soleil sur les cimes blanches qui se détachent d’autant plus sur l’azur et un froid nocturne et matinal garde le manteau neigeux en très bonne forme ! donc pour moi ski et reski …et hier, petit incident !

Un anglais, charmant au demeurant mais piètre glisseur, m’a percuté violemment au bas d’une piste. Ceci dit, même s’il était en tort, je n’étais pas vraiment innocente, car, grisée par les bonnes conditions, j’allais de bon train …et pim !! 
Pim pam poum même car ce fut un vrai bon choc. 
Le gentleman s’excusa plusieurs fois, s’enquit de ma santé, m’aida à rassembler mes affaires éparpillées autour de nous, me tendis galamment la main pour que je puisse me remettre debout sur mes skis … Mais dans les minutes et les heures suivantes, je vis à quel point j’étais véritablement secouée… tout mes muscles tendus, crispés, des douleurs qui surgissaient ici et la, des tensions, des élancements, des tiraillements … rien de cassé mais mon corps avait encaissé un vrai impact et s’en ressentait. 
Une fois de plus, j’eus l’occasion de toucher le précieux, le si précieux du vivant en nous . Comme l’intelligence de vie est subtile et efficace : elle nous accompagne au mieux dans les aventures de nos vies, sur pistes ou hors pistes… Pour protéger les organes les plus vitaux, les muscles s’étaient bandés, durcis, lors du choc ! L’énergie de vie, la force de vie s’affairait là où il y avait à faire justement, pour ramener l’équilibre. Et une chose était très claire : il y avait besoin de repos, de calme et de chaleur pour soutenir tous les processus de rétablissement, de restauration et de guérison, à l’œuvre dans chaque cellule. Ma chair, contractée, sur la défensive, avait désormais le plus grand besoin de détente et de relaxation.
J’ai éprouvé aussi ce lien si fort entre le corps, les sens, le mental et la conscience qui est si bien souligné par l’ayurveda. Le choc m’a ébranlé physiquement mais aussi mentalement. En quelques secondes, la force de vie s’est portée au secours du corps et a « désactivé" le mental. Je n’étais plus trop en état de réfléchir et de discerner, seuls les mécanismes instinctifs et les automatismes bien rodés m’ont permis de rentrer tranquillement at home.
J’ai pu éprouver dans les heures et jours qui suivirent « Vata Vata Humeur biologique de l’air  » aggravé (comme on dit en Ayurveda ..mais on pourrait dire stress traumatique ou quelque chose comme ça) par le choc ! Nausées passagères , léger maux de tête, sentiment de flotter, douleurs par ci et par là, fatigue... Mon corps s’activait pour faire face au traumatisme sans toujours comprendre tout, j’ai bien vu que mes symptômes étaient les moyens habiles par lesquels mon corps se guérissait . Les nausées m’empêchèrent de prendre un repas trop copieux qui aurait détourné l’énergie pour être digéré, les maux de tête me forcèrent à m’allonger, la fatigue me garda tranquillement à la maison, les douleurs m’invitèrent à quelques étirements modérés. J’accompagnai aussi mon corps de diverses petites « stratégies » : douceurs, chaleurs, repos… et petit à petit, avec la sieste, le lait bouillant et épicé, les compotes tièdes et les soupes chaudes, les tisanes, ’automassage à l’huile, les bouillottes, tout s’est apaisé, calmé, tout est rentré dans l’ordre. Pas désagréable ce traitement. Il me restait aussi à écouter en conscience les résonances de cet incident pour que tout soit en paix… et que je puisse repartir skier. 
Nos forces de vie et de guérison sont immenses. A nous de les écouter, de les soutenir, de les accompagner ou au moins de ne pas les entraver. A nous de cocooner le précieux du vivant en nous, de le chérir et de l’honorer.

Bon mois d’avril à tous 

Eveline Mathelet, présidente de l’association Ayurveda en France