La sagesse populaire le dit dans son proverbe... il s’agirait, malgré nos envies de printemps, de rester sagement couvert. Le dernier épisode méteo semble nous en montrer la validité. Chez moi en montagne, retour de la neige, du gel, des températures bien inférieures à zéro, ... alors que quelques jours auparavant, je déjeunais déjà dehors sur ma terrasse, goutant délicieusement le soleil de mars, je rêvais de plantations, de balades printanières, de ménage de printemps, et puis badaboum !! Retour à la case hiver...
Zut j’avais déjà remisé mes moonboots et chaussé les baskets, et je partais au ski, pique nique dans le sac à dos pour m’asseoir au soleil sur un bout de rocher et partager avec les choucas mon sandwich... avant de glisser sur de la neige bien détrempée, molle et douce.
Tout à fait entre nous, j’aime beaucoup ces petites niches de la vie et ce retour impromptu de janvier me ravit ! Un dernier plein de beauté froide avant de foncer vers les feux de l’amour et de l’été. Un dernier tour de piste pour les toits blancs, les sapins et les champs couverts de cristaux qui scintillent, les stalactites, les flocons, ... et cette neige qui crisse, sous les skis... waouh... délicieux... Du coup, ressortent les habitudes et les réflexes : pull-over, doudoune, bonnet et gants, soupes, tisanes, lecture au coin du poêle. Je me disais que c’était pareil pour les animaux et les plantes, celles du jardin et celles de la forêt. Une nécessaire adaptation immédiate aux conditions météo. Les chevreuils sont revenus plus près de la maison, en quête de petits bourgeons et d’écorces tendres. Les plantes qui avaient mis leur premiers boutons et leurs premières fleurs font le gros dos. Je n’ai pas déneigé les pivoines récemment sorties de terre -je suis à 1300 m d’altitude - en me disant que le manteau de neige les protégerait du gel. J’ai vu cet après midi, avec le soleil, qu’elles se redressaient fièrement. Je me suis dit que la nature est bien faite et que les plantes, les animaux et nous mêmes, les être humains, nous sommes en capacité de faire face, de nous adapter, de trouver les meilleures parades aux évènements divers et variés. Nous sommes prévus pour. Nous avons un GPS interne pour nous diriger vers le mieux possible, vers le plus vibrant et vivant possible. Nous pouvons faire pleinement confiance à nos capacités intrinsèques d’adaptation et de guérison. Notre corps sait s’ajuster au froid, au chaud, au vent, à la sècheresse, à l’humidité,.. Il est agencé, conçu, outillé pour.
C’est ça le vivant, cette capacité à s’accorder, à danser avec les éléments. Mais, pour ne pas la perdre pas défaut d’usage, nous avons intérêt à mobiliser cette compétence magnifique, à l’exercer, par exemple en nous laissant vivre des situations variées.
De la même façon que nous allons chercher un pull-over dans notre armoire s’il fait froid, notre corps sait refermer les pores de sa peau pour garder le plus de chaleur possible à l’intérieur. Toutes ces pouvoirs, ces dispositions, ces savoir faire s’altèrent ou s’émoussent si ils ne sont pas suffisamment utilisés, entraînés. Certes il ne faut pas épuiser nos ressources d’adaptation mais le danger dans nos vies trop climatisées, chauffées, compensées, aseptisées, est d’amoindrir nos capacités de résilience et de restauration.
Donc vive les changements météo - ils sont légion au printemps : giboulées, foehn, épisodes neigeux, élévation de chaleur, etc... Profitons en pour faire des expériences, nous exercer, nous "confronter « aux éléments extérieurs. Ne restons pas uniquement dans nos maisons et appartements confortables mais allons au contact du soleil et du vent, de la pluie et de la boue, ... c’est le meilleur investissement santé que nous puissions faire en ce printemps. Donc en avril, nous pouvons nous découvrir d’un fil ou de plusieurs, pour mettre nos peaux et nos corps à l’entraînement. Nous pouvons marcher dans le froid, choisir de ne pas mettre un pull de plus ou une écharpe, aller marcher quelques minutes dans le vent ou sous la pluie, pour voir ce que ça fait, pour s’amuser comme les enfants, puis savourer le contraste entre rentrer at home un peu transi et puis savourer une douche chaude et une bonne tasse de thé. Nous pouvons nous découvrir d’un fil ou de plusieurs pour sentir l’air sur nos peaux nues et prendre les premiers bains de soleil. Pour goûter ensuite au plaisir de nous rhabiller. Ou encore sentir l’herbe et la terre sous nos pieds nus. Puis retrouver la douceur de nos semelles. Nous aurons un peu aiguisé nos capacités vitales.
Sur ce, je retourne skier , il y a encore de très belles journées de glisse en perspective jusqu’au premiers jours de mai.. je vous emmène sur mes spatules, dans les lumières magiques de la montagne printanière...
Beau mois d’avril et belles expériences !
> Eveline Mathelet, présidente de l’association Ayurveda en France